J'ai entendu quelqu'un récemment faire des blagues sur son célibat prolongé et évoquer un besoin d'être "dégoupillée" ou "désamorcée". Ce n'est pas très fin comme image mais c'est parlant et ça nous a bien fait rire. Je crois que beaucoup de femmes célibataires, quel que soit le type de relation qu'elles cherchent (ou pas de relation du tout d'ailleurs), ont ce sentiment parfois que là, ça a assez duré. Même lorsqu'on est en quête d'une histoire sérieuse, d'un mec avec qui on peut avoir une relation durable, au bout d'un certain temps de traversée du désert on envisage les choses autrement. C'est physiologique.

Je crois que certaines nanas peuvent se mettre en mode mante religieuse et aller chasser quand l'envie leur vient. Je ne suis plus pas capable de faire ça. Je manque de confiance en moi, je me remets mal d'une blessure d'orgueil en cas d'échec et puis je préfère continuer à croire qu'une jolie histoire est possible. Du coup, j'essaye de ne pas montrer que j'en peux plus quand c'est le cas. Je ne veux pas donner l'impression d'être morte de faim - j'ai ma fierté - ou désespérée. Parce que bon il y a l'envie physique mais il y a aussi la solitude. C'est plus facile de blaguer sur les toiles d'araignées et la rouille que de parler de la solitude mais elle est réelle et je pense qu'il n'y a rien de pire qu'une nana désespérée qui ne sait pas le cacher.

On ne peut pas dire, lors d'une rencontre, qu'on n'en peux plus d'être seule. Ca plombe tout et ça fait peur. Et pourtant, même quand on a l'impression d'être détachée, cool, rilaxe, je crois que ça se voit. On m'a dit une fois "Mais dis-donc on dirait qu'il y en a une qui est en manque de calins!". Aïe. Là tu devrais répondre: mais non, pas du tout, j'ai ce que je veux quand je veux, je ne vois pas de quoi tu parles. A la place tu dis un petit oui et tu t'enfouis dans ses bras en priant pour qu'il continue à t'en faire, des calins. Même dans la conversation c'est difficile de ne pas dire qu'on est célibataire depuis un moment, qu'on a enchainé les galères, les faux plans, les cons. Sinon pourquoi on serait là?

Après le premier rencard viennent les calculs, on compte les heures entre les textos, les jours avant de se revoir. Ca craint là si je l'appelle déjà? Il y a toujours quelqu'un pour dire qu'il faut le laisser mariner, être indisponible, se faire désirer. Sérieux, on joue vraiment à ça? Je crois que la spontanéïté c'est important, même s'il ne faut pas trop s'emballer. Et pourquoi pas dire qu'on a envie de le voir si on a l'impression que c'est réciproque? C'est tellement plus simple! J'ai décidé d'être moi-même et je pense que c'est la bonne voie.

Morte de faim

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